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En Suisse italienne, les femmes, dans le journalisme, ne réussissent pas encore à atteindre les hautes sphères.
Par Cristina Ferrari

L’autre moitié du ciel reste „sombre”, au Tessin. Les charges de direction et à la rédaction en chef y sont presque exclusivement assumées par le sexe „fort”. Les exceptions sont tellement rares qu’on les compte sur les doigts de la main. Dans la presse, comme à la télévision ou à la radio, la femme continue d’avoir un rôle de second plan et quand, enfin, elle réussit à émerger, on lui confie des responsabilités dans des secteurs considérés comme „roses”, tels que la culture (c’est le cas de Paola Pettinati à „La Regione Ticino” et de Manuela Camponovo au „Giornale del Popolo”).
Dans les quotidiens, une femme est plus en haut: Matilde Casasopra est responsable de rédaction des chroniques régionales au „Corriere del Ticino”, une rédaction qui, de toute façon, dans ses divers secteurs, est „orpheline” de représentantes féminines.

Cette absence, Monica Piffaretti, la seule et unique directrice pour l’heure dans l’histoire des mass médias au sud des Alpes, en sait quelque chose. Elle est appelée pour occuper le fauteuil le plus prestigieux de la via Ghiringhelli à Bellinzona en 1993. Elle reste deux ans à „La Regione Ticino”. Puis la famille l’appelle… „Je faisais probablement figure de ‚mouche blanche’ plus au niveau statistique que mental – répond-elle à nos questions. – Déjà dans mes études, j’avais décidé de suivre un cours d’économie hautement masculin. Aujourd’hui, ce cours l’est moins. Le fait d’avoir été, pour ce secteur professionnel, la seconde femme en Suisse, ne m’a pas posé de réels problèmes. Ce qui continue de m’attrister est de voir que les collègues femmes ont toujours du mal à occuper des postes clé.”
Une absence déplorée qui n’est pas synonyme de volonté d’affirmation à tout prix et d’avidité de pouvoir et ne signifie pas seulement vouloir l’égalité homme-femme. La femme, si elle était mieux considérée, pourrait en effet apporter d’autres formes de talents et de sensibilité et ne pas être seulement la belle „plante” pour l’écran du TJ. Ces mass médias y gagneraient en matière de contenus, de diversité de lecture des informations, de sollicitation envers les lecteurs. „La présence de la femme dans les rédactions peut signifier une façon différente de lire la société, il suffit de penser aux nombreux tournants historiques auxquels nous assistons ces dernières années – n’oublie pas de faire remarquer la journaliste – des défis et des objectifs vus par un œil féminin peuvent conduire à des commentaires différents, à d’autres points de vue et à d’autres réflexions.”
„Je crois donc que cette absence est un facteur négatif pour tous.” Une femme pourrait peut-être décider d’un programme d’actualité différent, trouver des points de départ précieux pour une réflexion plus sensible sur des thèmes tels que l’économie, les rapports entre Etats, la guerre.
Pourquoi cette ouverture n’existe pas encore? Serait-ce la faute de la mentalité machiste toujours très présente dans les pays latins ou le choix plus ou moins volontaire de la famille? Parce qu’à bien considérer les choses, celles qui y „sont arrivées” appartiennent le plus souvent à la catégorie des célibataires ou des non-mères. „La profession de journaliste n’est pas facile – admet Monica Piffaretti – gérer et combiner la rédaction avec l’affectif et en particulier avec les enfants n’est absolument pas simple. Mes deux années de directrice ont été ‚dures’, je me levais la nuit et je terminais la nuit … C’était une vie très mouvementée: maison, grands-parents, rédaction et retour. La carrière reste donc un problème de choix.”

Un choix qui doit composer avec le sentiment de culpabilité qui touche chaque femme – lorsqu’elle est au travail, celle-ci pense à la maison et lorsqu’elle est à la maison, elle pense à la rédaction – ainsi qu’avec l’attitude machiste qui considère avec bienveillance que seul le chef de famille doit avoir un grand rôle professionnel. „Ce qui m’a aidée – nous confie notre interlocutrice – c’est que les enfants et le journal ont des similitudes: improvisation, bouleversement de la journée, compréhension et lecture avisée des événements quotidiens.” Sans compter, comme entre les petits enfants, les jalousies entre collègues. Surtout si celle-ci est une femme!

Cristina Ferrari est journaliste libre à Lugano.

© EDITO 2009


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